La dominance de mon chien : un mythe ?
Voilà un sujet sensible que celui de la dominance chez le chien. Il est important de distinguer la dominance intra-spécifique de la dominance inter-
La dominance inter-spécifique existe-t-elle ?
Tout d’abord, il est important de bien distinguer la dominance intra-spécifique de la dominance inter-spécifique. Il est important de choisir les bons mots car sinon, on court aux raccourcis.
On engendre encore de nouvelles idées reçues. On renforce alors celles qui existent déjà depuis de trop nombreuses années. Ce serait bien dommage. Rappelons donc que la dominance intra-spécifique concerne les relations entre membres de la même espèce comme deux loups par exemple.
La dominance inter-spécifique concerne les relations entre deux membres d’espèces différentes comme l’Homme et le chien par exemple.
Qu’est-ce que la dominance ?
Pardon, nous venons de définir deux termes mais il me semble que le terme le plus important à définir reste tout de même celui de la dominance.
Bon, lorsque l’on regarde le mot dominance dans le dictionnaire, on a le droit à : « Fait de dominer », merci bien pour cet éclairage inouï, mais on repassera plus tard.
En ce qui concerne deux êtres, est finalement ce qui résulte d’une relation où l’un des deux individus prend le dessus systématiquement alors que l’autre va venir se soumettre toujours systématiquement.
La dominance intra-spécifique existe-t-elle ?
On parle bien ici des relations de dominance entre deux membres d’une même espèce lorsque l’on parle de dominance intra-spécifique. Au sein d’un groupe d’animaux vivant en meute, on parlera d’ailleurs davantage d’une hiérarchie.
Ce que tout le monde pense et ce dont tout le monde semble être persuadé, c’est que le loup et le chien = même combat puisque le loup est l’ancêtre du chien.
Or, vous n’êtes pas sans savoir que le chien a été domestiqué depuis plus de 15000 ans, de fait, à l’heure actuelle, le chien et le loup sont deux espèces très éloignées l’une de l’autre.
Le cas des loups
Vous avez certainement déjà entendu parler du fameux « mâle alpha » au sein d’une meute de loups. Ce mâle serait un peu le tyran du groupe et celui qui domine tout le reste de la meute.
Cette idée fut répandue par le biais de nombreux chercheurs. Ils ont observé des meutes de loups en captivité. Ils ont donc constaté cette hiérarchie linéaire qui place le mâle alpha au centre de tout.
Or, aujourd’hui, ces études ont été « revues et corrigées » comme on dit. En effet, car le simple fait d’avoir observé des groupes en captivé fausse complètement les résultats de ces observations.
Le fait que les loups ne soient pas en totale liberté ne reflète absolument pas la réalité. De plus, les loups choisis pour les études provenaient de plusieurs meutes différentes. Ils n’appartenaient donc même pas à la même famille, ce qui faussait encore plus les observations.
Les observations
Lucyan David Mech, un zoologiste américain fait d’ailleurs partie de ces chercheurs qui sont revenus sur leurs observations plusieurs années plus tard. Et pour ce faire, il est allé observer pendant plusieurs années de suite une meute « familiale » de loups en totale liberté sur une île.
Il a donc constaté qu’il y avait bel et bien une hiérarchie mais qu’elle n’était absolument pas linéaire. Il y avait effectivement le père et la mère qui étaient les chefs de la meute. Ils étaient les garants de la survie du groupe.
Mais pour maintenir la survie de la meute, ce sont la mère et les louveteaux qui sont prioritaires vis-à-vis de la nourriture lorsqu’il y a pénurie pour des raisons évidentes de survie. Le mythe de mâle dominant qui mange en premier s’effondre alors.
La hiérarchie chez les loups existe donc bel et bien mais elle n’est pas comme on se l’imagine. C’est une hiérarchie, une organisation mise en place pour la survie et l’équilibre au sein du groupe familial.
Le cas des chiens
Parlons des chiens à présent, c’est tout de même le sujet qui nous intéresse le plus ici. Rappelons-nous que les chiens ne sont donc pas des loups et qu’ils n’ont donc pas le même fonctionnement qu’eux.
Désormais, et ceci depuis de nombreuses années maintenant, les loups et les chiens font partie d’espèces complètement différentes. Je pense notamment à la chasse … Les loups chassent pour leur survie et celle de leur groupe. Les chiens ne chassent désormais que leurs croquettes (beaucoup moins risqué en terme de survie).
Les observations faites sur des groupes de chiens n’ont pas révélées de réelle hiérarchie entre eux. Leurs interactions dépendent finalement de l’environnement, du contexte, de la ressource en question, etc.
En fait, les chercheurs ont observé qu’un même chien pouvait être très dominant vis-à-vis d’un autre pour protéger sa nourriture par exemple Il pouvait en même temps se soumettre complètement concernant une autre ressource. C’est finalement une question d’intérêt quant à la ressource « mise en jeu ».
La dominance intra-spécifique chez les chiens peut donc exister. Cela dépendra donc du contexte et de l’individu qu’il aura en face de lui également. Donc il n’est plus la peine de faire des généralités et de considérer son chien comme dominant simplement parce qu’il a grogné sur un autre.
Chercher à s’imposer et parfois même être très impoli et en oublier certains codes canins. Il va se montrer très joueur et en demande, parfois même soumis avec un autre.
La dominance inter-spécifique existe-t-elle ?
C’est devenu un terme finalement à la mode. Il semble rassurer ou suffire aux personnes qui rencontrent des problèmes avec leurs chiens.
« Mon chien n’est pas très bien dressé mais c’est parce qu’il est dominant donc il fait un peu ce qu’il veut ».
Il faut savoir tout d’abord qu’aucune étude scientifique n’a démontré l’existence d’une quelconque hiérarchie entre deux membres d’espèces différentes. Même s’il n’est pas toujours très bon de se cacher derrière des études, il me paraît tout de même important de le souligner.
De plus, il faut savoir que le chien est un animal opportuniste, il va aller vers ce qui est agréable pour lui. Rassurez-vous tout de suite, votre chien ne se lève pas le matin en se disant : Tiens ! Et si j’essayais de dominer toute la famille aujourd’hui ?
Malheureusement ou heureusement pour nous, les chiens ne sont pas suffisamment évolués pour réfléchir à comment réussir à dominer tout le monde. Cependant, le fait que le chien aille naturellement vers ce qui lui procure du plaisir ne va pas toujours de paire avec ce qui est acceptable pour l’Homme et pour la société.
Les attitudes
Ainsi, si votre chien vous saute dessus :
- c’est parce qu’il est content de vous voir,
- le chien le montre,
- il a peut-être parfois même eu le droit à une petite caresse lorsqu’il le faisait.
Si votre chien dort sur le canapé, c’est parce qu’il le trouve bien plus confortable que son tapis et qu’en plus il a parfois le droit à des papouilles. Si votre chien aboie pour sortir dans le jardin ou rentrer à la maison c’est parce qu’il a vu que ce comportement fonctionnait, etc.
Vous savez, il ne faut parfois pas chercher trop loin lorsque l’on éduque un chien et surtout lorsque l’on veut comprendre tel ou tel comportement qu’il adopte. Pensez toujours qu’un chien ira vers ce qui lui procure du plaisir.
C’est à vous de changer les choses car ce n’est pas une fatalité, votre chien ne se réveille pas dominant, il ne naît pas non plus dominant, soyez-en désormais persuadé. Vous devez « simplement » rééquilibrer votre relation, poser des limites et établir des règles. Non pas pour dominer votre chien à votre tour mais pour faire que votre relation soit saine et équilibrée.
Problème de la hiérarchie
Dire qu’il n’y a pas de hiérarchie ni de notion de dominance n’exclue absolument pas le fait qu’il ne faille pas mettre en place une certaine organisation au sein de votre groupe.
Des règles de vie sont bien entendu indispensables pour le bon équilibre de la relation entre l’Homme et son chien. Même pour l’intégration du chien dans la société dans sa globalité, un maître doit savoir gérer son chien. Mais il est nul besoin de parler de dominance ou de soumission pour y parvenir. Des méthodes douces et positives fonctionnent tout aussi bien pour se faire respecter de son chien et obtenir une réelle confiance de sa part.
La relation entre l’Homme et l’animal (en l’occurrence ici le chien, mais il me semble que ce devrait être la même chose avec de nombreuses espèces) doit être basée sur un respect mutuel et sur une coopération.
Il ne faut pas que votre chien vous écoute par peur ou par crainte. Ce n’est pas une vie pour lui, d’où l’expression « une vie de chien » d’ailleurs. A vous de mettre des règles en place. Il faut instaurer des limites, dans la joie et la bonne humeur, sans violence. Elles peuvent être verbales ou physiques, pour que votre cohabitation soit harmonieuse.